Il y a 11 mois, nous mettions les pieds à Lisbonne pour mon premier entretien d’embauche. À ce moment là, je ne me doutais pas que l’année de césure que j’avais planifié, allait devenir une aventure surprenante. Aujourd’hui je fais mon bilan sur cette année de césure à Lisbonne, les points positifs et négatifs et surtout, ce que j’en ai retenu ! (Prenez de quoi siroter ou grignoter, ça va être long !)


Tout quitter pour partir vivre à l’étranger avec mon chéri, c’est un projet que j’avais depuis pas mal de temps. Pas de CDI, pas d’enfants, pas de crédit… C’était le moment ou jamais ! M’accorder un an de pause dans mes études pour découvrir un nouveau pays, une nouvelle culture, faire des rencontres, et voyager, avant tout.


Le choix de la destination

Et à partir de ce moment là, il faut choisir une destination. Ruben avait la possibilité de faire un VIE (effectuer une mission dans une entreprise française à l’étranger). En se renseignant, il s’est rendu compte qu’il avait surtout le choix entre Londres et Milan par rapport à son domaine (la finance). Londres nous tentait pas mal, pour le côté cosmopolite et surtout pour devenir ENFIN bilingues … Puis nous nous sommes rendu compte que la vie était quand même assez chère sur place et nous avions envie de changer d’environnement. Un ras-le-bol général des grandes capitales qui grouillent et stressent au quotidien.

Alors une idée m’est venue en tête… Pourquoi ne pas partir à Lisbonne ? Ruben a vécu une dizaine d’années là-bas, il avait envie de quelque chose de nouveau mais finalement, il voulait se rapprocher de sa famille et de me faire découvrir la beauté de son pays d’origine (il est franco-portugais, a passé la moitié de sa vie à Paris et l’autre à Lisbonne). De mon côté, j’étais enthousiaste à l’idée de vivre dans un cadre apaisant et ressourçant, proche de l’océan, j’en avais besoin. Et aussi d’apprendre une nouvelle langue, ou du moins les bases (on y reviendra un peu plus loin).

Nous voilà partis, direction Lisbonne en voiture ! (bien plus pratique sur place pour nous déplacer et voyager).


Que faire sur place ?

Le choix étant fait, il ne restait plus qu’à fixer nos objectifs : trouver un boulot, un appart et profiter de tout ce que le Portugal avait à nous offrir sur notre temps libre. Juste avant de partir, nous avons créé ce blog, dans le but de partager nos aventures. Nous commençons donc à écrire pas mal d’articles sur Lisbonne (et pas que). Il nous a poussé à partir à la découverte du pays, de sa capitale, ses lieux insolites, sa beauté naturelle et ses bonnes adresses. Nous avons voyagé dans le nord (Porto et la région du Douro), le sud (Algarve, côte Vicentine) et dans les îles (road-trip aux Açores).

Nous organisions des meetups aussi : des événements sur la thématique du voyage à Lisbonne. Ils nous ont permis de rencontrer beaucoup de personnes, des locaux comme des voyageurs. Nous avons échangé sur des sujets très intéressants comme la culture, l’expatriation, le blogging, l’entreprenariat et bien-sûr, les voyages…

En parallèle, un goût prononcé pour la vidéo s’est développé. Nous avons obtenu une autorisation des autorités de l’aviation civile pour obtenir des images en drone de la capitale et de ses alentours. Vous pouvez retrouver la vidéo juste ici :


La recherche d’emploi

En parallèle, nous recherchions bien évidemment du travail. Ruben dans le secteur bancaire et financier. Et moi dans le tourisme et la communication. Pendant plus de 4 mois, nous avons enchaîné les complications pour trouver un poste qui nous convenait (surtout de courte durée car nous savions que nous repartions dans quelques mois). Or, au Portugal, les contrats sont différents qu’en France. Par exemple, Ruben a été accepté dans un grand groupe, mais s’il partait avant 2 années, il devait payer l’équivalent de 2 mois de salaire (pour compenser la formation), période d’essai incluse !
Pour ma part, j’ai eu des complications par rapport à la barrière de la langue. Et malheureusement,  il y avait peu voire aucunes offres dans mon domaine de prédilection : la communication digitale. Tout ce qui s’offrait à moi c’était du call-center (très répandu pour les étrangers au Portugal). Mais j’avais entendu beaucoup d’avis négatifs sur ces missions -peut-être à tord- (rythme affolant, horaires à n’en plus finir, contrôle du nombre d’appels par heure…).
Très honnêtement, je n’avais pas envie de ça, non seulement ça ne m’apporterait rien professionnellement (du moins dans mon domaine) mais psychologiquement je n’étais pas prête à y passer mon année de césure. J’étais là pour peu de temps, finalement j’avais surtout envie de profiter.
Alors au bout d’un moment, les angoisses commençaient à se faire ressentir. Allais-je rentrer en France ? Non, je persistais pour ne pas que mon expérience se termine en échec.

Après 3 mois de processus d’embauche, de déceptions et de découragement, un stage s’offre à moi… en community management dans une start-up française ! La délivrance me diriez-vous ?! Contre toutes attentes, je décide de refuser ce poste. Un choix difficile mais profondément réfléchi.


Notre projet

Et pour cause, avec Ruben nous lancions un projet, une agence d’influenceurs 100% voyage au Portugal : Be To Travel. Après avoir eu l’idée, nous avons évidement fait une étude de marché et nous avons été agréablement surpris par l’enthousiasme et l’intérêt porté à notre projet par les professionnels du tourisme et les influenceurs. Nous avons donc créé notre site internet. Ça a été la partie la plus longue et la plus complexe car nous n’étions pas du tout compétents dans le domaine et nous voulions quelque chose de qualité. Aujourd’hui encore, il n’est pas tout à fait à la hauteur de nos exigences (conversion sur mobile, traduction en diverses langues…).
Cette expérience était parfois difficile. Douter, hésiter, se lancer… Notre entourage n’a pas toujours compris notre démarche et était parfois perdu. Il faut savoir rester motivé, car c’est la clé de la réussite (même si vous ne pouvons pas encore mesurer le succès de notre projet, car il est encore au stade de la création). Je pense qu’il faut aussi être passionné par ce que l’on fait, si vous ne pensez qu’à l’argent que votre entreprise vous rapportera (même si c’est une chose à prendre compte, ça va de soi) vous n’obtiendrez rien de satisfaisant.
 À l’heure actuelle, nous sommes en « stand by » le temps de retrouver notre rythme en France (travail, études…) mais nous espérons trouver assez de temps pour concrétiser ce projet. Je suis fière de ce que nous avons produit et j’espère qu’il portera bientôt ses fruits. À ce stade, c’est déjà très valorisant sur nos CV et pour les recruteurs.
Si vous aussi vous avez une idée innovante, n’hésitez pas à vous lancer. Sur le web, cela ne coûte rien (à part pour créer le site internet). Tout ce dont vous avez besoin c’est du temps et de la détermination ! Si vous êtes en couple ou entre amis, ce sera plus facile pour vous soutenir et vous motiver. En revanche, il est important d’avoir chacun votre propre espace de travail. Au début, nous étions dans la même pièce avec Ruben et nous n’étions pas assez productifs (manque de concentration, échange d’idées constant et parfois même des prises de tête !). Cela devenait vite étouffant donc nous avons décidé de travailler chacun de notre côté et de nous concerter à certains moments de la journée pour voir l’avancement des tâches. Vous ne serez jamais d’accord sur tout, il est important d’être à l’écoute de chacun.

Mais une chose est sûre, c’est que grâce à ce choix, mon expérience n’aurait jamais été la même.


Vivre sur place

 Nous avons vécu chez les grands-parents de Ruben. Au début, cette situation devait être provisoire mais qui dit pas d’emplois, dit bien évidement pas d’appart, à moins d’avoir un bon pactole… mais ce n’était pas le cas.
Ruben s’est très vite adapté à son nouveau logement, il connaissait sa famille, leur mode de vie. Mais de mon côté, j’ai mis beaucoup de temps à m’habituer. Je suis quelqu’un de très indépendante, organisée, et j’ai toujours aimé gérer mon quotidien.
Si vous avez des grands-parents portugais, ou d’origine latine, vous devez connaître. Il sont ULTRA généreux. Mais parfois, ça devenait étouffant pour moi et j’avais du mal à dire NON. Me resservir à manger, faire mes courses, laver mon linge, faire le ménage dans notre chambre, les poussières sur mon ordi…
C’était impensable pour moi. Ruben en rigolait, causant parfois des problèmes dans notre couple.  Ça partait tellement d’un bon sentiment que c’était extrêmement difficile de leur fixer des limiter, sans les vexer, les blesser. Si vous êtes dans le même cas, je vous conseille de trouver de suite le bon équilibre et d’apprendre à refuser (gentiment).
(c’est TRÈS cliché mais qu’est-ce que c’est drôle !)
Puis sans parler de la culture assez différente, il y a bien évidement un conflit intergénérationnel qui a été parfois difficile à surmonter. Manger ce qu’on voulait à l’heure qu’on voulait, faire comprendre notre projet, pourquoi on travaillait sur ordinateur toute la journée et parfois jusqu’à tard, éviter les inquiétudes pour notre santé, sortir le soir sans qu’on nous attende au retour, et toute cette peur autour de notre avenir, de nos carrières professionnelles… C’était pas toujours facile à gérer.

Je suis très reconnaissante qu’on ait pu avoir cette possibilité de rester chez eux. Cette expérience n’aurait jamais pu être possible s’ils nous avaient pas hébergés. Alors je n’ai qu’un mot : OBRIGADA.


La gestion de la distance avec les proches

Le plus dur quand on vit à l’étranger finalement, c’est la distance avec les proches. Heureusement pour nous, Lisbonne étant à un peu plus de 2h d’avion, nous pouvions nous voir facilement. Ma famille et nos amis nous ont rendu visite à plusieurs reprises durant l’année. Une bonne occasion pour leur faire découvrir les immanquables de la capitale et ses endroits insolites. À chaque fois, ils étaient enchantés de visiter Lisbonne et ses alentours avec leurs « propres guides ».
Et puis il y a Skype, Facebook, WhatsApp… Cela nous permettait de rester constamment en lien et de pouvoir communiquer facilement.
En revanche, lorsque je suis venue 2 fois en France, j’avais plus de mal à repartir, à « les quitter ». On retrouve vite ses repères, son environnement habituel… Et le fait de repartir à l’étranger pour quelques mois, c’était un peu frustrant. Partagée entre l’envie de poursuivre mon aventure à l’étranger et de rester près des miens.

Quand j’avais quelques coups de blues (parce que vous n’y échapperez pas), je m’étais fait une sorte de philosophie positive : me dire que lorsque je reverrai mes proches, j’aurai tout un tas de choses à leur raconter. Et mine de rien, la distance et le manque nous rapprochent beaucoup. Grâce à cette expérience, je me suis rendu compte quels étaient mes vrais amis… Ceux qui prenaient de mes nouvelles, et ceux à qui j’avais vraiment envie de parler de mon aventure à Lisbonne et…  de ses aléas.


L’apprentissage de la langue et l’adaptation à la culture

Je n’ai pas pris de cours de portugais. Et je regrette car c’est la seule façon d’obtenir de bonnes bases (conjugaison et grammaire) et de vraiment progresser. Avant de partir, je m’étais acheté des manuels mais je m’y suis pas tenue sur la durée. J’ai aussi téléchargé l’application Duolingo, c’est très pratique si vous voulez connaître les bases et en plus c’est gratuit.
Toute la famille de Ruben est habituée à parler français, du coup je n’ai pas été assez immergée pour apprendre correctement la langue. Ruben m’entrainait parfois à traduire des mots de la vie courante, c’est comme ça que j’ai acquis du vocabulaire. Lorsque je sortais toute seule, je m’efforçais de communiquer en portugais (demander un renseignement, passer à la caisse…). C’était très difficile au début car on a peur de faire des erreurs, mais c’est comme ça qu’on apprend ! Maintenant, je comprends la quasi- totalité des conversations. Ma petite victoire a été de visionné un film en portugais non sous-titrés et de comprendre pratiquement tout ! Aujourd’hui j’aimerais persévérer en perfectionnant mon accent et en tenant une vraie discussion avec quelqu’un.
Côté culture, comme je vous l’ai dit, ce n’était pas très compliqué car la famille de Ruben est franco-portugaise. Puis il y a de plus en plus de français qui viennent s’installer à Lisbonne. La communauté est très accessible (via des groupes Facebook, des événements meetup…). N’hésitez pas à vous inscrire pour être toujours au courant des actualités, vous ferez beaucoup de rencontres !
Grâce au blog, nous avons rencontrés un couple d’entrepreneurs au Portugal avec lequel on a échangé des conseils et des expériences. Vous les connaissez peut-être, c’est Virginie et Grégory de Villa Feria. Nous avons gardé de bons contacts et nous espérons revoir au plus vite 🙂
Et Maguy ! Une super guide qui connaît Lisbonne par cœur et qui nous a fait découvrir tous les secrets de la capitale avec son super tuk-tuk rouge. C’est une femme adorable et nous la recommandons à tout ceux qui veulent visiter la ville 🙂
Notre expérience avec Maguy de Love Lisbonne à voir et à revoir ici :

En revanche, il faut savoir que les portugais, et les franco-portugais en particulier, sont EXTRÊMEMENT fiers de leur pays et de leurs origines. Évitez donc les critiques ou autres remarques négatives… Je me suis vite rendu compte après avoir publié mon article plein d’humour et de second degré (à mon goût) « Les 10 choses qui me manquent de la France » où on m’a carrément dit que si je n’étais pas contente, j’avais qu’à rentrer chez moi… Ça annonce la couleur ! Mais ce n’est pas général 😉
Souvent, on a des aprioris et des clichés sur le Portugal, mais c’est un très beau pays, qui se modernise et avec une culture riche. N’hésitez pas à partir à sa découverte, vous serez surpris !

Conclusion…

Voilà, je pense avoir tout dit ! J’espère que cet article ne vous aura pas trop ennuyé. Résumer 1 an en quelques paragraphes est un exercice pas facile. Mais en même temps, ça passe si vite… Aujourd’hui je suis ravie d’avoir vécu cette expérience à Lisbonne. J’ai beaucoup appris, tant sur le pays que sur moi-même. Car ces multiples aventures  m’ont aidé à devoir chercher une solution, à m’adapter rapidement à une nouvelle situation… Finalement, si ça ne c’était pas passé comme ça (ne pas trouver d’emplois), nous aurions peut-être jamais eu l’idée de créer notre projet.
Si vous partez un an ou plus à l’étranger, faites un bilan à votre retour. C’ est important pour tirer des conclusions sur votre expérience, les points positifs et négatifs, ce que ça vous a appris, les choses que vous referiez différemment…
Si vous le souhaitez, je reviendrais dans un prochain article pour vous donner des conseils pour partir vivre à l’étranger. Chercher du travail, faire de nouvelles rencontres, sortir de sa zone de confort, s’adapter à une nouvelle culture, les coûts sur place… Dîtes-moi si ça vous intéresse dans les commentaires ! 🙂
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1 Comment

  1. J’ai beaucoup aimé lire ton article car je suis aussi franco-portugaise et j’aimerais beaucoup m’installer au Portugal ou du moins vivre quelques mois pour voir si je m’y plais vraiment !
    Cette article m’a vraiment donné envie de concrétiser mes proches car maire que cela soit difficile si on fait ce qu’on aime c’est le principal !
    C’est clair que les portugais sont très généreux et quand on est pas habitués c’est compliqué de dire NON car après on se sent mal…
    Et puis, les portugais ont de quoi être fier de leur pays, n’est ce pas ? ahahaha

    bisousssss :*
    https://brondiewearschanel.wordpress.com

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